07/07/2025

Taiwan Today

Taiwan aujourd'hui

Le descendant de Confucius en Europe

01/03/1984

M. Kung Teh-cheng pendant son interview

Ces dernières années, le gouverne­ment de Taïwan a fait un grand effort pour la pro­motion des relations avec les pays euro­péens. Mais si les Européens connaissent sa réussite dans les domaines écono­mique, commercial et touristique, ils n'ont guère pu approfondir leur connais­sance de sa culture, dont le confucia­nisme en particulier est la quintessence. Taïwan, la province libre de Chine, qui est le véritable représentant et le gardien de la culture chinoise, a donc un rôle très important à jouer pour l'évolution du confucianisme, ce qui mérite d'être porté à la connaissance des Européens.

Dans le cadre de la promotion des échanges culturels entre Taïwan et l'Europe, pour présenter la tradition culturelle chinoise et rassurer les Chinois d'outre-mer de l'intérêt que Taïwan nourrit à leur égard, M. Kung Teh-cheng, le descen­dant direct de Confucius, fera une tour­née de conférences en Europe à partir du 26 avril. Il visitera successivement les Pays-Bas, l'Allemagne, , , l'Autriche et l'Espagne. Il séjour­nera trois jours dans chaque pays et y ren­contrera des responsables de la presse, de l'enseignement et des milieux cultu­rels. Les grands thèmes de ses confé­rences seront: le confucianisme et la mo­dernisation de libre; l'influence du confucianisme sur les sociétés orien­tales; le confucianisme et le développe­ment économique; la pensée de Confu­cius sur l'éducation; la pensée politique de Confucius.

M. Kung Teh-cheng, le soixante­ dix-septième descendant de Confucius, est né à Küfow, dans la province de Chantong en 1920. Son père était mort trois mois auparavant, et dix-sept jours plus tard sa mère décédait. Il fut élevé par la deuxième épouse de son père, mais à l'âge de treize ans, le jeune enfant la perdait elle aussi. Ces malheurs subis dans son enfance lui ont forgé un carac­tère ferme et déterminé. A cause de son origine familiale exceptionnelle, son édu­cation a été des plus strictes et des plus conformes à la tradition, ce qui a fait de lui un expert des études confucianistes et de l'histoire chinoise. En 1935, comme descendant de Confucius, le gouverne­ment l'a nommé "maître des cérémo­nies" avec la charge d'officier les céré­monies nationales en l'honneur de Con­fucius le 28 septembre de chaque année. Depuis le repli à Taïpei du gouverne­ment central, il a donné des conférences aux Etats-Unis, au Japon, au Viêt-nam, en Corée du Sud et à Singapour pour y donner des conférences. Homme de grande érudition, M. Kung Teh-cheng enseigne dans plusieurs universités de Taïpei le rituel confucianiste et l'épigra­phie. Il est également président du prési­dium de l'Assemblée nationale.

M. Kung Teh-cheng nous a répondu aimablement qu'il enseignait à l'univer­sité le grand classique du confucianisme, le Li-ki (" Livre des Rites"). Dans sa mé­thode pédagogique, il tient le plus grand compte du caractère particulier de ses étudiants qui ont leur façon de penser, mais à qui il faut apprendre à analyser et discuter les textes et à qui il faut donner les moyens de se perfectionner selon les principes éthiques enseignés. Mais il lui est arrivé de rencontrer des auditoires plus ou moins réceptifs. Les uns sont ori­ginaux et plus dilettantes, les autres sont intéressés au point d'approfondir l'étude de la pensée de Confucius et, plus tard, de l'enseigner à leur tour.

Dans son explication de l'école con­fucéenne, il s'appuie sur les documents historiques pour en définir l'aspect et l'é­volution. Ces sources sont principale­ment le Louen-yu ("Entretiens de Confu­cius"), le Meng-tseu ("Livre de Men­cius"), le Sun-tseu ("Livre de Sun Tseu") et le Li-ki, à partir desquels il dé­veloppe une explication systématique de la pensée confucéenne.

L'influence de la civilisation occiden­tale, très marquante en Chine remonte au XVIe siècle, quand sont arrivés les missionnaires européens. Mais la civilisa­tion chinoise fut frappée de plein fouet par la guerre de l'opium (1840-1842) au point d'en modifier profondément l'équi­libre politique et intellectuel. En re­vanche, l'influence. chinoise a été faible en Europe.

Cependant, la pensée confucéenne qui s'attache à des valeurs humanistes et celle de l'Europe après se rejoignent par des voies et moyens diffé­rents, mais en fin de compte elles sont très comparables puisqu'elles se fondent sur les mêmes sources: l'Homme,

Tout au long de son histoire, le con­fucianisme a modelé la civilisation chi­noise en donnant à tout être sa place dans la société et en orientant l'évolution de la pensée. Aussi peut-on dire que Confucius a eu une pensée éclairée sans se limiter à la spéculation. Son enseigne­ment est universel puisque, comme l'af­firme le Louen-yu: "A l'intérieur des quatre mers, tous les hommes sont frères."

M. Kung Teh-cheng a quatre enfants, deux garçons et deux filles, qui sont au­jourd'hui tous mariés. Il les a élevés selon les préceptes traditionnels d'éduca­tion propres à tout homme. Il espère qu'ils sauront perpétuer ce qu'ils ont reçus, l'enseignant à leur tour de tout leur coeur.

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